mercredi 30 juin 2010

Mot de la fin - Anschluss

5h51
J’aurai pleuré plus à mon départ qu’à mon arrivée ici, ce qui est, j’imagine, un bon signe.

Après un mois, je ne crois pas que je pourrais me prononcer sur Dresden, encore moins sur l’Allemagne. Un mois n’était pas assez pour tout découvrir, bien que j’aie l’impression d’avoir touché à tout en visitant musées et palais, en allant au zoo comme au cinéma, en sortant religieusement chaque soir et en testant bien des restaurants, en me baladant de Radebeul à Loschwitz, de Königsbrückerstraße à Südvorstadt et de la montagne au bord de l’Elbe.

J’ai admiré l’amabilité des habitants de Dresden et leur grande civilité, ce respect qui se fait sentir par de menus détails comme le souci de traverser la rue au bon moment ou de ne pas jeter ses déchets à n’importe quel endroit. J’ai aimé ses contrastes; marcher dans l’Alstadt était différent mais tout aussi plaisant que dans l’Äußere Neustadt. L’équilibre entre passé et présent, ruine et renouveau était omniprésent. Je pense que Dresden est encore en pleine (r)évolution et j’espère y retourner plus tard, pour constater ses derniers changements.

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Je suis contente d’avoir fait ce voyage à 20 ans, un âge où j’arrive encore à m’émerveiller et en même temps, où j’ai trouvé assez d’équilibre pour apprécier chaque expérience à sa juste valeur. Je ne suis pas partie pour m’échapper d’une quelconque prison; j’avais écrit à une amie – qui me manquera et à qui je souhaite un beau séjour au Japon – que je partais pour l’Allemagne avec l’assurance que si je n’aimais pas mon expérience, peu importe la raison, une vie très heureuse m’attendrait à mon retour à Montréal.

Si on me demande si ce mois à Dresden fut le plus beau de ma vie, je ne répondrai donc pas nécessairement oui, parce que ce voyage s’inscrit peut-être plus dans une succession de moments heureux. Par contre, aujourd’hui, alors que nous visitions le vignoble – et il y avait ce coucher de soleil, la ville et le château en contrebas, les rangées de cépages – je me suis demandée si on pouvait demander plus, si on pouvait demander mieux.

Je parle beaucoup de bonheur et ça peut sembler curieux, mais ceux qui me connaissent savent peut-être que c’est, à mon avis, une notion pas tout à fait facile à atteindre. Au-delà de tout ce que Dresden représente pour moi, je suppose (et oui, c’est cucu, mais…) que sans les amis que j’ai rencontrés ici, mon séjour aurait été totalement différent. Ce blogue, même si je vous l’offre, est encore un peu à moi et je tiens à vous présenter une dernière fois les membres de notre principal quatuor, qui ont été présentes, en filigrane, tout au long de ces écrits :



Rocio, l’Espagnole. Jodie, l’Américaine. Claudia, l’Italienne (qui, en bonne Napolitaine comme elle le disait elle-même, nous a immortalisées au vignoble de Wackerbarth).







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Merci d’avoir lu mon blogue comme d'avoir laissé des commentaires. J’ai eu vaguement conscience que vous étiez plus nombreux que je n’aurais osé en rêver, ce qui m'a portée à croire que ce blogue était peut-être une bonne idée.

Édit : Tel qu'annoncé sur Facebook, si vous souhaitez davantage de photos ou d'informations sur un endroit, n'hésitez pas. De la même façon, si vous avez des questions au sujet de Dresden ou du Goethe Institut, je peux tenter de vous répondre ou vous rediriger vers mes propres ressources au Goethe Institut ou ailleurs.

Si j’ai pu vous donner l’envie de visiter Dresden, l’Allemagne ou seulement de voyager, je n’en suis que plus satisfaite. Je conseille à tous ceux qui en auraient envie de tenter l’expérience. Si la première journée, vous vous sentez découragé, songez toujours que j’ai survécu alors que, de ma vie entière, jamais je ne m’étais prise en charge de cette manière.

Une bonne nuit à vous tous et à bientôt, de l’autre côté de l’Atlantique !

Je vous quitte sur une photo de Dresden, ce matin, alors que le soleil se levait. Dresden a revêtu une petite robe de mousseline rose pour me dire aurevoir...

Ultimes moments au Schloss Wackerbarth

5h28

Après la montée jusqu'au haut de la Frauenkirche, Mandy nous a laissé une toute dernière recommandation : nous rendre jusqu'à Radebeul, tout à l'ouest de Dresden, pour visiter un vignoble, le Schloss Wackerbarth. Quelle meilleure façon de terminer le voyage qu'en buvant un bon vin ?




À l'entrée de la propriété. Pas moyen de s'y tromper, nous étions au bon endroit.


Le Schloss lui-même, sans doute. Une fête semblait y être donnée. Nous avons demandé aux serveurs, du haut de leur balcon, si nous avions le droit de nous promener à travers le vignoble et s'il nous était aussi possible de boire et de manger.


Un petit pavillon, parallèle au château.


Le but à atteindre, après avoir bu quelques verres de vin sur la terrasse de la Gastehaus.


"Bienvenue au royaume des sens", me disait ma coupe de Sekt Augustus den Starken. J'y ai été très bien accueillie.


Je me demande encore comment j'ai réussi à gravir ces marches sans me casser le cou, surtout mon taux d'alcoolémie. Je tiens à souligner que dans mon cas, deux verres de vin suffisent à me faire flotter sur un petit nuage.

Une autre ascension qui en valait le coup, tout de même. Avec le coucher de soleil, le paysage était magnifique.






Une vidéo pour prouver mes dires.


Nous sommes revenues au centre-ville de Dresden vers 23h00 et avons terminé... dans un McDonald's, mon premier de tout le voyage consommé mon dernier soir ! Il faut alterner entre le fancy et le crasse, parfois...

C'est avec cette dernière aventure que j'achève, peut-être précipitamment, les billets décrivant mon parcours journalier à Dresden. Ne reste plus qu'une petite conclusion.

Panorama de Dresden

5h17
Et nous approchons de la fin, mesdames et messieurs, puisque ces photos que je vous présente ont été prises ce jour-même... ou plutôt, hier, puisque nous sommes maintenant aux petites heures du matin.

Alors, voici, seulement pour vous, Dresden plus jolie que jamais avant mon départ, du haut de la Frauenkirche. C'est encore une fois Mandy qui nous y a emmenés. J'avoue que le spectacle m'a donné les larmes aux yeux et j'ai partagé un moment de tristesse avec Claudia, sous le regard amusé et/ou surpris de touristes allemands.


Vers l'est.


Vers le sud-est.


L'Alstadt, vue de haut.


Vers l'ouest.


Nos amies étaient arrivées en retard et ont raté l'opportunité de monter jusqu'au haut de la Frauenkirche. On les voit assises au pied de la statue de Luther.


On aperçoit les tours des résidences pour étudiants internationaux, dont la mienne, la verte.


Au loin, le funiculaire de Loschwitz. (Voir billet à ce sujet)


Ma famille venue me rejoindre à Dresden.

Goethe Institut

Parce qu'on ne pouvait pas se passer d'un tel billet, des photos du Goethe Institut de Dresden. L'édifice a plusieurs étages et compte entre autres une bibliothèque et un Café Internet.


L'entrée de l'Institut.


Le corridor principal.


La cafétéria.


Tournoi de babyfoot.


Le petit salon, tout juste après la table de la cafétéria et la porte menant à la terrasse.


Sur la terrasse, Jodie et Claudia. C'est l'endroit où nous passons nos pauses, la plupart du temps.

Et finalement, la salle de classe.


Kunsthofpassage & DDR et Ostalgie chez un échantillon d'Allemands

5h08
Le Kunsthofpassage représente bien, à mon avis, l’Äußere Neustadt, présentée dans un billet précédent. Nous sommes allés y prendre un verre et y manger des tapas au Perro Borracho pendant le match Espagne-Portugal, mardi soir, le 29.


L'enseigne qui indique l'entrée du passage.


L'une des façades des bâtiments du Kunsthofpassage.


Et une autre avec plus bas, un petit café.


Une boutique qui ne cache pas ses allégeances.


Le mur en face de la terrasse du Perro Borracho.

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Mandy, la Tandem-Partnerin de Claudia, nous a rejointes et sa venue a donné lieu à des discussions très intéressantes au sujet de Dresden et de l’Allemagne de l’Est. Elle qui a vécu sous le régime socialiste m’expliquait qu’après avoir vécu un tel changement, on ne pouvait quasiment pas croire en un système stable ou, à tout le moins, on pouvait imaginer que notre monde serait à nouveau bouleversé, retourné de fond en comble.

Au sujet de la reconstruction de la ville, elle m’a fait part de son opinion comme quoi il vaudrait peut-être mieux que Dresden ne se tourne pas seulement vers son passé. Les efforts de reconstruction et de restauration sont louables, mais pourquoi ne pas mêler ancien et moderne comme l’a fait Berlin ? Elle a d’ailleurs ajouté que comme les travaux sur l’Alstadt n’ont été réalisés que dans les deux dernières décennies, à la suite de la chute du Mur, certains des citoyens de Dresden ne s’identifient pas à l’Alstadt. Ils ont plutôt été habitués à la voir en ruines – la Frauenkirche, notamment – et ont continué à fréquenter leur propre quartier plutôt que de migrer vers la rive sud de l’Elbe.

À propos de l’Ostalgie, elle m’a dit ne pas regretter l’époque de la DDR, pas plus que ses parents, qui ont milité pour mettre fin au régime. Elle m’a fait part d’un phénomène intéressant : les gens de l’Allemagne de l’Est n’ont pas la même approche que ceux de l’Ouest envers une langue. Elle m’a raconté que plus jeune, elle devait apprendre le russe avant l’anglais et que l’apprentissage de langues « de l’Ouest » demeurait toujours très théorique. Personne n’aurait imaginé pouvoir un jour exercer cette langue en Grande-Bretagne ou pire, aux États-Unis ! Encore aujourd’hui, après la chute du Mur, elle m’a dit avoir lu que l’enseignement demeurait axé sur la théorie plutôt que la pratique, notamment parce que les professeurs du temps de la DDR ont continué à enseigner.

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Un autre Allemand du nom de Georg s’est invité à notre table pour discuter. Il avait aussi vécu pendant la DDR et nous a raconté que le Mur est tombé cinq ans trop tard pour lui. Il était déjà marié et père de famille, il avait un appartement et un métier. Cinq ans plus tôt, on lui avait refusé les études qu’il souhaitait réaliser parce qu’il ne voulait pas s’engager dans l’armée et il s’était tourné vers un autre domaine.

Il ne regrette pourtant pas l’époque communiste pour autant. De son côté, l’Ostalgie se résume à la musique qu’il écoutait ou aux films qu’il regardait dans sa jeunesse. Elle n’a rien de politique. C’est la même réponse que j’ai obtenue de mon professeur, qui donnait l’exemple du Vita Cola. Lorsqu’il en boit, il songe à son enfance et pas vraiment à la DDR elle-même.

De l’avis de Georg, c’est la génération entre 45-55 ans au moment de la chute du Mur qui regrettent le plus la DDR. Avec l’avènement du capitalisme et ses nouvelles exigences, ils ont perdu leur emploi et se sont retrouvés désœuvrés alors qu’ils étaient encore tout à fait en âge de travailler. Les personnes plus jeunes ou plus âgées, quant à elles, ont moins été affectées, à son avis.

Il s’insurgeait contre le manque d’uniformité de l’Allemagne et du fait que chaque Land établisse son propre système d’éducation, par exemple. C’était la seule chose qui lui manquait du système politique de la DDR : le manque de cohésion. Il a aussi dit se sentir Européen, au-delà de se sentir allemand.

La seule personne qui a déclaré regretter le temps de la DDR est l’enseignante de Claudia. Elle trouvait qu’on y avait une meilleure sécurité d’emploi et qu’on ne devait pas peiner pour payer les études universitaires de ses enfants.

Dans tous les cas, ce fut une soirée très animée et pour ceux qui n’ont pas appris l’issue du match, c’est l’Espagne qui a gagné !

Semperoper & Falstaff

4h49
Dimanche, une autre grande soirée qui nous attendait au Semperoper, l'opéra de Dresden. Mandy, la Tandem-Partnerin de Claudia, nous avait obtenu des billets pour seulement 11€ dans la troisième rangée au centre. Lorsqu'une salle n'est pas pleine, de telles offres sont parfois possibles et elles sont souvent offertes à certaines compagnies, dont celles pour laquelle Mandy travaille.

L'opéra, comme la plupart des bâtiments de l'Alstadt, a été détruit pendant les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, puis rebâti aussi fidèlement que possible. À savoir, il n'en était pas à sa première mais plutôt à sa troisième destruction !


La météo était radieuse et elle l'est demeurée cette semaine.


L'entrée, flanquée par des statues de Goethe et Schiller.




L'orchestre s'accorde avant le début de Falstaff, l'ultime opéra de Verdi. Sans m'appeler Claude Gingras (lire ici : être une grande critique de musique classique), je crois que l'opéra était de grande qualité, tant du côté de la mise en scène que de la musique elle-même. Maestri, dans le rôle de Falstaff, était très charismatique et l'orchestre était irréprochable, à mon sens.

L'histoire avait été transposée au XIXe siècle et l'effet était bien réussi. J'ai beaucoup aimé leurs trouvailles pour les costumes et les décors, en particulier la scène dans la forêt (des câbles pendaient sur scène en guise d'arbres et une échelle s'élevait au centre, puis les câbles s'élevaient à leur tour et montaient une toile qui devenait alors le feuillage des arbres).


Pendant l'entracte, nous sommes allées sur le balcon pour prendre un peu d'air frais et pour voir le reste de l'opéra, tout aussi beau que la salle elle-même.

Sächsische Schweiz & Bastei

2h33
Je viens de passer une heure horrible et ai commis une véritable hécatombe. J'avais laissé la fenêtre ouverte pour aérer ma chambre, mais avais tiré le rideau en espérant que cela empêche les insectes d'entrer. Au retour, je ne sais pas si c'est parce que j'ai laissé la lumière et la fenêtre ouvertes en même temps ou bien, si le mal était déjà fait, mais des dizaines de petits moustiques étaient entrés dans ma chambre.

Ce ne serait, à la limite, pas si mal, si ce n'était de l'énorme moustique de cinq centimètres qui se balade à travers la chambre. Je ne sais pas si j'ai réussi à vaincre mon ennemi juré; il a feint la mort tout à l'heure en demeurant immobile sur le néon devant mon ordinateur, puis a repris vie une dizaine de minutes plus tard. Je l'ai pourchassé et ne l'ai pas revu depuis une bonne demi-heure, mais n'ayant pas découvert son cadavre, je crains qu'il ne soit encore vivant.

Le tout me rend un peu parano. J'ai toujours l'impression qu'un insecte me frôle le bras ou les jambes. J'ai l'impression d'être une droguée qui hallucine des insectes sur son corps. Heureusement que j'avais déjà projeté de ne pas trop dormir cette nuit...

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Samedi dernier, le 26, excursion d'un tout autre genre en Suisse saxonne, une région au sud-est de Dresden, tout près de la frontière tchèque. Notre but : monter jusqu'au Bastei (le Bastion), une petite montagne qui surplombe la vallée de l'Elbe.

(AH, ÇA Y EST ! Je crois que je l'ai eu... J'étais sortie deux minutes pour coller un mot sur la porte de Claudia et le fourbe en a profité pour sortir de sa tanière. Il se promenait contre le mur et je lui ai donné deux bons coups de serviette qui l'ont assommé. Puis, il est tombé sur le tapis, j'aurais pu le perdre de vue comme le tapis est noir, mais je l'ai aperçu par terre et ai employé mes implacables Doc Martens. Espérons maintenant que ce n'était pas un autre de ses compagnons et que j'ai bien tué la plus grosse des créatures qui ont envahi ma chambre.)


La Hauptbahnhof-Neustadt. Nous y étions allés pour l'excursion à Leipzig.


Achat de pâtisseries pour le déjeuner et le dîner, avant le départ. Une des choses qui me manquera certainement beaucoup, une fois que je serai loin de l'Allemagne.


L'intérieur du train, qui était d'ailleurs très confortable.


La manufacture de cigarette Yenidze avec son architecture rappelant celle d'une mosquée.


L'arrivée au village tout près de la Bastei. On se croirait dans un western allemand (si ça existe !), avec cette gare vide.

Les villages du coin sont tous des villages parfaits. Claudia les appelait "Pleasantville" et elle n'avait pas tort.







L'homme-pretzel !


Sur le chemin du Bastei...


Une des maisons avait drôlement décoré son jardin.


En route vers le sommet. La montée a duré environ une heure et demi et la descente une demi-heure.


Et le panorama en lui-même. Certains le méritent vraiment en effectuant l'ascension de la montagne, d'autres pas du tout en s'y rendant en voiture. On est d'ailleurs surpris, après une heure et demi de marche, d'aboutir sur des hôtels, des restos et les éternels Biergarten, une fois arrivé au sommet.

Un vidéo rend encore mieux la vue :



Le pont qu'on a construit pour permettre aux touristes de se balader d'un rocher du "bastion" naturel à l'autre.


Le chemin du retour, de l'autre versant du Bastei.


Pleasantville nous accueille au bas de la montagne. On se serait réellement cru dans un film.


Le traversier qui nous permet de retourner sur la rive du train. Nous y récupérons une des élèves de l'Institut qui était tombée au tout début de l'excursion et s'était ouvert la cuisse. Nous avons fait demi-tour pour s'assurer qu'elle recevrait les soins nécessaires.

Toutes mes excuses si les commentaires sont parfois un peu brefs. Il est trois heures du matin et je continue à chasser les moustiques.